DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE
240 qu’il s’agisse de fondamentalistes obtus, de convertis italiens qui ont pris en hai- ne leur culture d’origine, ou enfin de laïcs extrémistes qui profitent du pluralisme pour soulever des exceptions prétent- ieuses et banales à la constitutionnalité... Une comédie à l’italienne sur les principes sacrés qui coexiste avec un manque im- portant de gestion des phénomènes, lais- sant passer subrepticement le message qu’en Italie il n’y a pas de règles précises et que l’on peut faire un peu « ce que l’on veut. Il est vrai que les écoles étrangères ou confessionnelles sont prévues par la législation en vigueur, il n’y a donc au- cune raison de refuser l’autorisation à une école arabe ou islamique, étant don- né qu’il existe des écoles catholiques ou juives, françaises ou américaines... mais dans le cadre d’accords avec les pays d’origine et en tout cas conformément à la réglementation. Une école étrangère, en général, est justifiée pour les étudiants qui ne résident que quelques années dans un autre pays et qui veulent éviter de per- dre des années d’études. Les statistiques nous disent que plus de 90% des enfants d’immigrés arabes sont destinés à rester en Italie pour toujours. Faire semblant de les faire suivre tout le programme de leur pays d’origine, au détriment d’une acqui- sition décente de la langue et de la cul- ture italiennes, est d’abord une absurdité pédagogique car elle considère l’enfant comme un récipient vide dans lequel on peut verser sans discernement toutes les connaissances qu’on veut. Le Conseil isla- mique, qui discute à Rome des systèmes maximaux, n’a-t-il rien à dire à ce sujet ? La grande majorité des étudiants musul- mans en Italie ne trouvera certainement pas de panacée dans le «modèle» de Via Ventura. Tariq Ramadan lui-même, qui jouit d’une grande estime surtout parmi les nouvelles générations islamiques eu- ropéennes et petit-fils du fondateur des Frères musulmans, dans son dernier li- vre, traduit en italien, dénonce sans éq- uivoque : «Si l’on considère la totalité des communautés musulmanes vivant en Occident, ces écoles ne reçoivent qu’un faible pourcentage des enfants et en ce sens, elles peuvent à peine apparaître comme «la solution».... il est nécessaire d’étudier les raisons qui ont conduit à la création de ces écoles : dans la majori- té des cas, l’objectif était de protéger les jeunes de la mauvaise influence de la société, de les soustraire à un environ- nement malsain, de les faire vivre «par- mi les musulmans»... ce que l’on obtient, à y regarder de plus près, ce sont des espaces fermés, « artificiellement islami- ques «, presque totalement détachés de la société environnante.... Le personnel enseignant, par contre, est souvent mal préparé, et beaucoup d’enseignants n’ont pas de formation pédagogique...». Com- bien d’entre eux sont conscients que les manuels scolaires égyptiens sont de plus en plus « islamisés « et qu’en Égypte, il n’y a pas d’enseignants arabes qui ne so- ient pas musulmans, non seulement dans les écoles publiques, mais aussi dans les écoles privées et étrangères, car un « in- fidèle « n’est pas considéré digne d’ensei- gner la langue sacrée du Coran ?
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