En Egypte, la fête de la Nativité est célébrée le 6 janvier, date qui correspond à notre Epiphanie ; on sait maintenant que depuis des années, à l’approche de Noël et des autres fêtes chrétiennes, la violence se répète dans le pays contre les fidèles coptes.
L’attentat le plus grave – non seulement par le nombre de victimes – s’est produit le 11 décembre 2016 et a déchiré une cinquantaine de croyants, presque toutes des femmes et dont six jeunes filles, dans la cathédrale copte du Caire.
L’explosion d’une bombe dans le secteur féminin de la cathédrale Saint-Marc, dans la chapelle Saint-Pierre et Boutrosseya, a frappé le cœur de l’église copte, son Vatican. Et cette explosion n’est que le dernier d’une série d’épisodes graves. En février 2015, vingt travailleurs coptes de Libye ont été massacrés avec une épée parce qu’ils étaient chrétiens et refusaient de se convertir à la foi islamique.
En août 2013, des milices spécialement entraînées et équipées de musulmans ont pillé, brûlé et détruit plus de cinquante églises et institutions chrétiennes en seulement deux jours, sans distinction de croyance religieuse, ainsi que des dizaines de maisons, de magasins et de propriétés privées, forçant les habitants à fuir par crainte de mourir simplement parce qu’ils étaient chrétiens. Certaines agressions ont échoué en raison de l’intervention décisive des voisins musulmans contre la violence envers les services fournis par les institutions chrétiennes. De nouveau, en janvier 2011, une bombe a tué des chrétiens à Alexandrie, en Égypte, vingt jours seulement avant le début du printemps arabe, le 25 janvier.
Les chrétiens dans le monde arabe
En Égypte, les coptes sont des citoyens autochtones qui ont des droits et des devoirs envers leur propre pays et leurs dirigeants, quelles que soient les croyances religieuses de la majorité, mais il semble qu’ils soient souvent considérés et perçus à l’intérieur et à l’extérieur du pays comme un groupe ethnique étranger. Les Coptes, avec les Maronites, sont les deux communautés chrétiennes les plus nombreuses qui ont survécu aux politiques discriminatoires des gouvernements du monde arabe. Les coptes sont victimes de discrimination, de menaces et d’agressions collectives ; la persécution anti-chrétienne a pris le visage de l’intolérance systématique. On dit qu’au cours des dernières décennies, dix mille chrétiens se convertissent chaque année à l’islam. Ceci est presque toujours fait pour des raisons pratiques : divorces, mariages ou travail – rarement pour des raisons religieuses. Un espoir vient de l’actuel Président de la République qui a mis en œuvre une politique de dialogue fraternel avec les Coptes après des années de répression.
L’Europe et le monde arabe : Quel dialogue ?
Ces faits ne peuvent donner lieu qu’à certaines considérations :
1) Bien sûr, l’Europe a intérêt à ce que le Moyen-Orient soit stable, et un tel objectif est possible avec la promotion du développement technologique, en sachant comment lier l’aide de la Communauté européenne aux pays où la violence existe à la promotion effective des valeurs de la liberté civile et religieuse pour tous sans discrimination aucune. À cet égard également, un suivi intensif est souhaité.
2) Encourager les religieux musulmans à proclamer les versets du Coran qui soulignent la volonté de Dieu envers la pluralité religieuse et son engagement à lutter pour le bien dans la miséricorde de Dieu.
3) Les institutions et les responsables politiques devraient veiller à ce que les bonnes intentions échangées à un niveau élevé ne restent pas là sans atteindre les gens, les gens simples.
4) Nous avons besoin d’un changement radical dans la formation des citoyens, qu’il s’agisse des citoyens ordinaires ou de ceux qui ont des responsabilités administratives ou politiques, afin de faire comprendre à tous qu’ils sont égaux, que la violence est intolérable et doit être rapidement condamnée. Nous croyons que cette attention devrait être créée et développée pour créer une culture de droits égaux et de devoirs partagés.
5) Il est essentiel de travailler sur l’éducation, sur les manuels scolaires et sur les médias, et même d’inviter les imams qui ont dans leurs mains le formidable instrument de la prédication dans les mosquées à collaborer dans cette ligne éducative de justice et de paix.
6) Il ne s’agit pas seulement de renforcer les mesures de protection par le biais de la police car il ne s’agit pas seulement d’une question de sécurité, mais de “culture”. Nous pensons qu’il sera nécessaire d’encourager les réunions publiques et une grande visibilité, surtout là où il y a plus de fermeture et où une mentalité d’opposition est plus enracinée.
Appel aux gouverneurs et aux hommes de bonne volonté
En tant que CADR (Centre Ambrosien pour le Dialogue avec les Religions) du Diocèse de Milan, construit sous l’impulsion du Cardinal Martini, nous sommes engagés depuis plus de vingt-cinq ans dans le dialogue interreligieux au contact des chrétiens du Moyen-Orient et nous entendons faire entendre nos voix, unis à celles de nombreux autres hommes et femmes qui ont déjà parlé des événements tragiques des coptes d’Egypte et au-delà, afin de faire des gouvernements de véritables avocats pour la justice, la liberté et une coexistence pacifique des peuples du bassin méditerranéen.
Dans l’espoir que notre voix sera acceptée et ne restera pas lettre morte, nous remercions tous ceux qui travaillent pour les droits de l’homme dans le monde entier.
Giuseppe Samir Eid
Libre traduction de l’italien par internet
Les articles publiés visent à fournir les outils d’une inclusion sociale des flux migratoires, à mettre en lumière les droits de l’homme et les conditions de vie des chrétiens dans le monde islamique dont l’auteur est issu. La connaissance de l’autre, des différences culturelles et religieuses sont des ingrédients essentiels pour créer la paix dans le cœur des hommes partout dans le monde, condition préalable à une coexistence pacifique et à une citoyenneté convaincue sur le territoire.