R019 - EUROPE ET PEUR DES MUSULMANS

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www.corriere.it section idées & opinions du 2 décembre, Europe, la peur des musulmans est née de cette identité qui n’existe plus.

7- IDENTITÉ

L’IMMIGRANT MUSULMAN D’AFRIQUE DU NORD

Il ne faut pas perdre de vue le fait qu’un plus grand nombre d’immigrés clandestins sont musulmans d’Afrique du Nord et présentent les caractéristiques énumérées ci-dessus, car ils apportent avec eux un niveau culturel et un ensemble de traditions et d’habitudes qui, en plus d’être très différents des nôtres, sont une sorte de spectacle par lequel, au moins en premier lieu, ils peuvent voir et juger la société occidentale. Cette différence de niveau culturel s’exprime déjà dans l’impact avec les formes d’organisation politique de nos Etats. En fait, tous les pays arabes à majorité musulmane sont gouvernés par des systèmes qui ne sont en rien comparables aux démocraties européennes.

Ainsi, lorsque de jeunes musulmans arrivent en Europe, le contact avec une mentalité totalement nouvelle pour eux les conduit à subir un choc psychologique fort. Il s’agit d’une situation risquée dans laquelle, si nous n’empêchons pas les non-Européens d’être marginalisés et livrés à eux-mêmes, des malentendus et des attitudes frustrantes peuvent apparaître.

Et c’est précisément dans ce contexte que la présence et la diffusion des centres musulmans dans nos villes doivent être évaluées. Face à cet état de désorientation, l’islam devient pour beaucoup de jeunes immigrés le seul point de référence clair tant au niveau culturel que religieux. En raison de la frustration, déterminée par l’impact d’un nouveau type de mentalité, la religion musulmane représente une occasion facile d’identification et de cohésion forte.

MENTALITÉ DES JEUNES OCCIDENTAUX

Il peut être intéressant d’examiner les données de l’enquête récemment réalisée en France par Bayard Presse Jeune et le “Mouvement eucharistique Jeunes” au moyen d’un échantillon représentatif de 704 jeunes de 12 à 15 ans.

L’image qui se dégage de cette enquête est celle d’un monde adolescent qui rejette tout ce qui est institutionnel. Ce n’est que pour 20% de ces enfants que la religion qu’ils professent est considérée comme plus vraie que les autres. Près de la moitié de l’échantillon choisi (49%) sont convaincus qu’il suffit de s’aimer pour avoir une relation sexuelle alors que seulement 57% reconnaissent l’existence de Dieu comme sûre ou au moins probable. Enfin, la valeur prioritaire est identifiée dans l’amitié que ces jeunes établissent entre eux.

Une enquête similaire sur la Famille chrétienne réalisée en 1985 présente des données plus rassurantes : en Italie, environ 80% de l’échantillon se déclare croyant en Dieu.

Même si l’on considère ces données comme l’expression d’une simple tendance, on ne peut s’empêcher de constater à quel point elles reflètent des attitudes et des mentalités diamétralement opposées au monde, beaucoup plus liées à la tradition qui caractérise les pays du tiers et du quart monde.

CENTRES ISLAMIQUES

Mais au-delà des difficultés religieuses, la première approche de notre société par les immigrés engendre une désorientation qui s’aggrave, comme nous l’avons dit, dans les cas où le jeune non citoyen européen est laissé à lui-même et se retrouve en réaction de rejet contre tout ce qui concerne le monde occidental.

Cela explique pourquoi les musulmans trouvent leur refuge naturel dans le Coran, qui est la source des lois de leur société, et dans toutes les institutions qui la représentent en Italie.

Ici, les immigrants se heurtent à une position culturelle résolument opposée au relativisme qui sévit chez les jeunes occidentaux. On peut prendre, par exemple, une circulaire distribuée par le centre islamique de viale Jenner à Milan au début des années 1990. Dans ce court texte, écrit en arabe, la supériorité de la religion musulmane sur toutes les autres est soulignée. L’Islam est présenté comme la seule foi qui plaît à Dieu : ceux qui ne le professent pas sont destinés à être perdants au jour du jugement. A cela s’ajoute l’invitation adressée à tous les immigrés à se méfier des centres religieux chrétiens, accusés d’avoir comme seul but d’action celui d’échanger du pain avec la conversion au christianisme. Par conséquent, les jeunes musulmans sont appelés à ne pas échanger leur foi contre le pain des chrétiens.

De plus, les sermons qui circulent clandestinement en Italie sont enregistrés sur des cassettes qui développent des concepts à la limite du mépris. Les publications en italien d’un autre centre religieux islamique, également à Milan, continuent sur le même ton et interviennent sur des problèmes de politique intérieure et étrangère exaltant par la langue de guerre sainte la conquête des territoires des infidèles.

Certains centres sociaux municipaux, animés par un esprit d’accueil et de générosité, ont autorisé un centre islamique de Milan à utiliser la bibliothèque et la salle commune à des fins culturelles et religieuses. Mais la bibliothèque est en fait gérée exclusivement dans une clé islamique, c’est-à-dire anti-chrétienne, avec des livres et des écrits publiés en arabe qui font l’éloge de l’Islam en opposition ouverte à la société dans laquelle ils doivent être intégrés.

L’hospitalité, mal comprise comme service désintéressé et gratuit provoque une attitude de rejet ou de suspicion qui n’aide pas ceux qui professent l’Islam à s’intégrer dans notre société.

Cela nous est également confirmé par Tahar Ben Jalloun, l’un des écrivains marocains les plus importants, qui écrit : “L’Europe est inquiète par l’évolution des thèses islamiques dans les environnements des travailleurs qui ont longtemps été des immigrants dans ses frontières. Il reconnaît également que l’islam est souvent utilisé comme idéologie politique et totalitaire par une minorité déterminée à tout faire pour acquérir le pouvoir. Tout au long de l’histoire, il existe des exemples fréquents de groupes extrémistes qui ont opté pour le langage de la rue, un langage spectaculaire parce qu’il est basé sur une démonstration de force et un appel à la violence”(3).

En outre, les dirigeants islamiques considèrent l’émigration des jeunes vers l’Occident avec faveur, parce qu’ils considèrent ces jeunes comme les pions de l’expansion islamique en Europe, considérée comme une terre de mission. En fait, par la conclusion de mariages mixtes, c’est-à-dire avec des femmes chrétiennes qui deviennent (ou sont forcées de devenir) musulmanes, elles parviennent à l’islamisation de la famille européenne.

Pourtant, les centres islamiques, en plus de la tâche religieuse, pourraient jouer un rôle fondamental dans l’amélioration de l’intégration dans le pays d’adoption au profit de l’immigrant et de la société d’accueil.

D’autant plus qu’il existe de nombreuses convergences entre l’islam et le christianisme, les adeptes des deux religions croient au Dieu unique, à la résurrection, au jugement universel, au ciel et en enfer, et le Coran ne présente aucune justification pour l’hostilité et la violence.

Est-il donc utopique ou optimiste de voir les centres religieux, réunis au nom de la foi, résoudre les problèmes liés à l’intégration des immigrés dans la société ?

PAROLES DU CARDINAL MARTINI

Les problèmes culturels créés par la récente présence de musulmans dans notre monde occidental ont également été portés à l’attention de l’archevêque de Milan, le cardinal Carlo Maria Martini, dans l’homélie “Noi e l’islam” donnée le 6 décembre 1990, en la fête de Saint Ambroise, patron de Milan. C’était une intervention qui, en plus d’examiner les valeurs de la foi islamique et de donner des indications précises aux communautés chrétiennes en matière d’accueil, n’a pas hésité à considérer avec un réalisme extrême certaines questions problématiques qui entravent aujourd’hui une relation plus fraternelle avec les musulmans.

De ce point de vue, le Cardinal Martini a rappelé la situation des communautés chrétiennes dans les pays à majorité musulmane, en disant : “Nous espérons des relations d’égalité et de fraternité et nous insistons donc et nous insisterons pour que les lois et coutumes en vigueur dans les pays musulmans à l’égard des chrétiens soient également conformes à ces relations, afin qu’il y ait une juste réciprocité”.

Il a rappelé que la recherche d’un objectif commun de respect et d’acceptation mutuelle exige que les préjugés, fortement enracinés dans l’islam, selon lesquels les non-musulmans sont en fait des non-croyants, soient éliminés.

L’archevêque a ensuite souligné la nécessité de faire comprendre aux communautés musulmanes qu’en Europe, les relations entre l’Etat et les organisations religieuses sont profondément différentes de celles de leurs pays d’origine : “Si les minorités religieuses ont parmi nous les libertés et les droits qui sont dus à tous les citoyens, sans exception, on ne peut faire appel, par exemple, aux principes du droit islamique pour exiger des espaces juridiques spécifiques et des prérogatives”.

Enfin, le cardinal n’a pas manqué de souligner les valeurs de la foi en Islam : “C’est une foi qui, ayant de grandes valeurs religieuses et morales, a certainement aidé des centaines de millions d’hommes à rendre un culte honnête et sincère à Dieu et, en même temps, à pratiquer la justice”. Dans un monde occidental qui perd son sens des valeurs absolues et n’est plus en mesure de les relier à un Dieu Seigneur de tous, le témoignage de la primauté de Dieu sur toutes choses et de son besoin de justice nous fait comprendre les valeurs historiques que l’Islam a apportées avec lui et dont il peut encore rendre témoignage dans notre société.

Dans ce chapitre, nous partons de la complexité du phénomène de l’immigration, trop souvent simplifiée par les médias. Nous nous sommes ensuite penchés sur le cas le plus répandu du jeune immigrant musulman d’Afrique du Nord, en examinant les problèmes d’intégration culturelle dans la société occidentale et en comparant sa mentalité à celle des jeunes occidentaux. Nous avons ensuite mentionné les attitudes adoptées par les centres qui se déclarent représentants de la religion islamique à Milan. De tout cela est née l’urgence de poursuivre une intégration authentique entre des horizons si différents. Mais grâce à quels instruments est-il possible de faire face à ce besoin désormais impératif ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre.

Giuseppe Samir Eid

Libre traduction de l’italien par internet

Les articles publiés visent à fournir les outils d’une inclusion sociale des flux migratoires, à mettre en lumière les droits de l’homme et les conditions de vie des chrétiens dans le monde islamique dont l’auteur est issu. La connaissance de l’autre, des différences culturelles et religieuses sont des ingrédients essentiels pour créer la paix dans le cœur des hommes partout dans le monde, condition préalable à une coexistence pacifique et à une citoyenneté convaincue sur le territoire.

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